Ethan est né un beau soir de Juin non loin dans la ville de Dresde. Personne n'a fait grand cas de sa venue au monde, si ce n'est ses parents qui eux étaient ravis d'avoir eu un garçon. Ils en prirent grand soin, assez pour que le jeune garçon aux cheveux sombres ait confiance en le monde et ses possibilités. Très jeune, cependant, il préféra la compagnie de sa culture que celle de ses semblables. Les arts étaient un domaine que l'Allemagne avait privilégié des siècles durant et il était tombé sans s'en rendre compte dans les affres du Romantisme. Il fit son premier poème à l'âge de 16 ans, après avoir hésité des années à se lancer . Son ambition première était de devenir un grand artiste, mais après avoir constaté la gêne de ses parents à qui il avait demandé son avis, il se rendit compte qu'il ne pourrait jamais rien faire de sa plume. Et il se choisit des études. Des études sérieuses, pour rendre ses parents fiers. Mais sa première année en médecine fut un échec, au moins autant que celle qu'il entreprit en Droit. Il se rabattit sur la psychologie, et contre toute attente, il réussit plutôt bien malgré plusieurs divergences avec l'enseignement. Et finalement, après 5 ans d'efforts, au détriment de sa vie sociale, il obtint finalement son master. Mais ce n'était certainement pas grâce à la qualité de sa prose qui ne s'était améliorée que très peu en 7 ans. On lui reprochait souvent d'écrire comme un chirurgien fait une opération. Sans émotions, les mots ne font que s'enchaîner sans émouvoir. Et le pauvre Ethan qui avait tout pour réussir, à part peut être une petite amie se désespérait de ne pas pouvoir toucher son rêve du doigt. Mais au détour d'une conversation, il entendit parler d'un lac qui exauçait prétendument les vœux. Toujours un peu naïf, il feint l'indifférence, mais moins d'une semaine plus tard, il était au bord de ce lac. Il ferma les yeux après avoir vérifié qu'il n'y avait pas de témoin-nécessairement indésirable. Il prit une profonde inspiration, et souhaita de tout son cœur de posséder en son sein les caractéristiques des grands artistes de ces siècles maudits. D'apprendre à aimer la mort, de vivre avec cette idée qu'elle est chaque jour un peu plus proche, et que l'avenir est assombri par nos propres faiblesses. Vivre sous le coups de mille tourments pour trouver les mots qui touchent le cœur des hommes. Devenir un véritable artiste au sens Romantique du terme.

Les obsèques ont lieu le 15 Octobre, à Dresde.

Commençons par les généralités. Ethan est un peu pâlot. Loin d'en souffrir, il sait en tirer avantage. A vrai dire, ce n'est pas améliorer par le noir de ses cheveux. Ses premières rides seront impitoyablement marquées et mises en valeur par ce qui fait aussi sa charmante singularité. Mais que voulez vous, on ne peut prendre de la couleur à la lumière d'une bougie. Et quand bien même, on en deviendrait tout à fait jaune. Il n'a pas non plus une carrure de héros. Personne ne chantera un jour la perfection de ses traits ni même la rondeur de ses muscles pectoraux. Tout au plus on pourra plaindre ce petit bonhomme chétif à l'air presque sympathique. D'ailleurs s'il attire la sympathie, c'est surtout à cause de cet air perpétuellement ailleurs. Ca plairait aux filles s'il n'était pas si timide. Son regard ne brille même pas. Ses mains sont plutôt fines mais ses index sont légèrement arqués. Il a le pied Egyptien, mais ça ne l'a pas rendu plus marin. Une silhouette moyennement attirante qui contient difficilement un océan de passion qu'on voit parfois poindre dans une oeillade plus ou moins molle.

S'il est quelque chose qui hante Ethan c'est sans nul doute cette idée douloureuse de ne plus ressentir assez d'émotions pour créer. Il a peur de devenir cet homme rendu glacial par les épreuves, devenir un homme capable de tuer son prochain sans ciller, sans même sourciller. Il a peur de se vider de ce qui fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Il a accessoirement peur également de perdre ses capacités cognitives,de devenir un bellâtre superficiel et vide d'intérêt. Il a peur de représenter aux yeux du monde sa propre vacuité.