Maman, pourquoi tu n'es pas restée avec moi, j'ai peur sans toi, je suis dans un vide total depuis que tu es partie, je suis avec lui, celui qui me fait du mal, celui qui me viol, celui que tu as aimé. Comment avoir réussi à aimer un homme comme ça ? Il te battait, tu saignais tout le temps, tu pleurais, mais tu me souriais à la fois, que devais-je comprendre à la fin ?

Ma maman m'a mise au monde... Oui dans ce monde triste, je ne voulais pas tomber ici dans cette époque, ce n'était pas le mien. Cette maman qui m'aimait et qui faisait son possible pour sa fille unique. On était pauvre et on vivait à trois dans cette maisonnette à deux pièces. J'aimais ne rien comprendre encore, être dans tes bras, être seulement un bébé inconscient, mais j'ai grandi vite, j'aimais rester avec toi mère, ne l'oublie pas. Cette passion que tu m'as donné pour les sirènes, cela va rester en moi pour toujours, et jamais je retirerais ces boucles d'oreilles, ces belles boucles d'oreilles, de jolies nageoires de sirène, je m'en souviens, c'était pour mes dix ans que tu me les avais offertes, mais j'avais aussi dix ans quand je t'ai perdu. Tu es morte d'une maladie grave et mon père, ton mari n'arrangeait pas ton cas, je suis désolée maman, mais reposes en paix, d'où tu es il y a peut-être des sirènes, pleins de jolies sirènes...

J'ai continué à aller à l'école, mais quelques années après ton départ maman, il m'a retiré des classes, il ne voulait plus me voir à l'école, mais il voulait que je reste à la maison, il a menti aux gens, j'ai perdu les quelques amis que j'avais. Il m'a tout coupé du monde. Pourquoi il buvait tout les soirs ? Il pue maman, il est agressif, il parle fort, je dois faire quoi ? Je ne peux pas m’échapper, je suis coincée, et j'étais coincée ce soir là, il me tenait fermement, la lumière était éteinte, il m'a souillé, il m'a déchiré, il m'a violé jusqu'à son plaisir soit fait. Je ne voyais rien, il faisait noir, j'étais dans le noir total, et cela a continué plusieurs jours, des jours et des jours, toujours cette scène atroce, cette déchirure, je ne suis pas censée être là non ? Je pleurais tout le temps, et j'en pleure encore mais maman je suis forte, ne t'en fais pas.

Il m'avait lâché quelques temps, je ne pouvais plus bouger pendant des heures, c'était douloureux, j'avais mal, et je n'avais aucune lumière, rien pour me sortir de là, et où je pouvais m'en aller en même temps ? Ce père, mon père, il n'était pas entré depuis plusieurs jours, il faisait quoi ? Je ne savais pas, et je n'allais jamais le savoir. J'étais forte encore et toujours, je ne pleurais plus. Les livres de sirènes que tu m'as laissé étaient magnifiques je les connaissais par cœur, pourquoi je ne suis pas une sirène ? Pourquoi je suis née dans ce monde ? Trop de questions qui ne servent à rien et qui ne mènent à rien.

Je n'aimais pas rester dans cette pièce trop petite, même pour moi, l'air pur me faisait du bien, j'étais tout le temps dehors, c'était agréable, j'étais seule mais libre. Ce père indigne ne rentrait pas depuis plusieurs jours, mais il restait des œufs, beaucoup d’œufs je ne mangeais quasiment que ça, il y avait du pain, mais il était dur, heureusement que l'eau pouvait ramollir cette tranche de pain, tu vois maman ? Je me débrouille, je suis forte. Mais il est entré ce soir là, il est revenu, j'ai peur, il tient une ceinture, il va me faire du mal, je ne voulais pas. Il n'a pas retiré ma robe, cette robe qui était bien trop fine pour me protéger de quoi que ce soit, il m'a frappé, il me frappait de toutes ses forces sur mon dos, la douleur étaient intenses, j'avais l'impression que les os se brisaient à chaque coup. Il m'avait lâché, mais ce n'était jamais pour longtemps. Pourquoi il était encore saoul, ce rituel il l'a fait un soir, puis deux, et trois, je ne voulais plus, j'avais mal, je saignais, et les cicatrices étaient présentes.

Ce matin là, je suis sortie de la maison, mon père, non, cet homme dormait. Les bouteilles d'alcool au près de lui, je ne voulais plus, je ne savais pas si j'allais tenir que devais-je faire mère ? J'étais seule, je n'avais personne, et je vivais comme un animal, je voulais m'en aller et devenir ce que je voulais toujours devenir. La matinée était rayonnante, mais pas assez pour moi, je me trouvais perchée sur ce rocher, le bruit de l'eau résonnait dans ma tête, maman je veux te rejoindre, je voudrais rêver, je voudrais tellement devenir une sirène.

Je me suis laissée tomber, je coulais, la sensation était étrange, ou peut-être agréable, je ne sais pas. Non le ressenti était glacial, il faisait froid, très froid, pourquoi il fait noir ? Est-ce ainsi la mort ? Maman es-tu là ? J'ai aperçu cette lueur, une fine ligne de lumière, c'était là-bas je devais nager là-bas. J'étais arrivée au bout, c'était moins humide et mes pieds nus touchaient un sol. Ce n'était pas chez moi, mais bien un autre monde.

Moi, je suis plutôt... Indifférente Je suis une petite fille curieuse et pleine de vie, mais surtout une grande aventurière. J'ai l'air d'être une enfant timide, mais détrompez vous, justement je cache bien ma facette derrière ce petit corps sans défense. Je n'ai malheureusement pas eu beaucoup d'amis vu que j'ai très vite stoppé l'école pour des raisons inutiles et tristes. Je suis dynamique et plutôt intelligente, enfin, en tout cas je suis bien plus mature que le plupart des jeunes de mon âge, j'ai appris à vivre quasiment seule et me débrouiller comme une grande, préparer mes habits, me faire à manger, mon nettoyage et tout ce qui en suit. Je suis donc tout à fait autonome et je peux me débrouiller seule. La plupart du temps je le passe dehors dans la nature, c'est triste à dire, mais justement je n'ai jamais vraiment eu d'amis à cause de cette société. Qui voudrait d'une fille petite, mince et qui n'a pas de jolis habits de marques et qui vit dans un trou paumé en campagne et qui est bien évidemment pauvre. Je ne suis pas sans cœur non plus, je suis attristée de la vie que je mène, est-ce que je l'ai mérité peut-être ? Une punition d'une autre vie que je menais ? Je ne sais pas, et je ne voudrais pas le savoir. Mon sourire je le garde pour mon rêve, le souhait que je voudrais qui s'exauce, ça peu paraître fou et idiot pour certains, mais pour d'autres une libération. Je voudrais devenir une sirène, partir de ce monde d'humain pour m'isoler avec l'harmonie de l'eau et de la nature. Je sais que ma mère aurait voulue aussi toucher à ce rêve, c'est grâce à elle que cette passion est venue. J'ai été très peu en contact avec les humains, mais cela m'a suffit pour me rendre compte de cette tristesse et cette haine que chaque humain a au fond de son cœur. J'aurais tellement voulue avoir aussi des amis, comme tout le monde, une meilleure amie a qui me confier, voir peut-être un petit copain, c'est censé être mignon à mon âge non ? Mais je n'ai rien de tout ça, juste une petite pièce carrée et quelques livres sur les sirènes que ma mère a laissé derrière elle. Mon énergie je le garde pour mes sorties en nature, dans la forêt, en campagne ainsi qu'au baignade que je ne cesse d'arrêter dans le lac près de chez moi.

Je suis évidemment une petite fille de quatorze ans donc oui je suis de petite taille, je dois t'arriver pas plus haut que le nombril voir le torse, mais cela ne me dérange pas, au moins, moi je peux me faufiler partout où je veux contrairement à toi et tes petites fesses graisseuses. J'ai de longs cheveux bruns, tout ce qui a de plus banal en fait, mais ils poussent très vite ce qui fait que la longueur se trouve au niveau du bas du dos, j'ai une frange taillée de façon droite. Quand tu regardes dans me yeux bleus, tu vois quoi ? De la peur? Non j'ai l'air tout simplement inoffensive et sans défenses. Une pauvre enfant craintive et qui a peur du monde et de ce qu'il l'entour ? Pas du tout, tu as une aventurière face à toi alors plonge quelques secondes dans mes yeux, tu vas juste voir un océan, le rêve d'un enfant, oui on pourrait dire que ça se rapproche à la pureté, quelque chose de sain. Mais combien de souffrance se cache derrière ce petit visage d'ange  qui n'est d'autre que le mien ? Ne juge pas aux apparences car tu risques d'être déçu, ou plutôt surpris devrais-je dire. Je suis toute maigrichonne oui, je n'ai effectivement pas de force et de muscles, mais tu as la une jeune fille consciente de la vie et de ses mystères. Tu n'as pas en face de toi une pauvre gamine qui bouffe ses crottes de nez à longueur de journée. Non, je suis une fille propre moi, je suis bien élevée quand même. Mais très souvent je suis à pieds nus, il ne faut pas m'en vouloir, on a pas vraiment d'argent pour payer de quoi s'habiller. Alors le plus souvent je porte de petites robes blanches simples sur moi. Trop simple même. Les détails qui peuvent marquer mon apparences c'est bien les deux nageoires de sirènes que j'ai sur les oreilles, de jolies petites boucles d'oreille en fait. J'ai très souvent des bracelets fait à la main par mes soins bien, tu pensais quoi ?

Je pense avoir fait le tour. Ah, ça ? Ce sont juste des cicatrices sur le bas de mon dos, des coups de fouets tu dis et des brûlures? Peut-être ou probablement que oui.

J'ai peur du noir, oui le noir cache tellement de mystères, on ne sait jamais ce qu'il y a, on ne sait jamais ce qu'on peut pas voir, on ne sait pas ce qu'on va toucher, on ne sait rien, c'est une grande brume foncée ou tu te noies sans nageoires sans appui, sans aide, tu es seul, c'est un combat à vivre seul. J'ai effectivement été affecté par le noir, le noir m'a salie, je suis sale à cause de lui, le noir ce n'est pas comme un océan bleuté, le noir n'a pas de fin ni de début, la seule solution... C'est d'allumer vos lumières, avez vous votre lumière allumer ?